Voilà déjà plusieurs mois que ce blog n’a pas publié de nouvel article. Paradoxe pour un journal de bord en ligne, conçu qui plus est, avec des outils du Web prévus à la base pour créer et alimenter des flux continus, quasi frénétiques.
Mais pour autant, la recherche s’est poursuivie. Plus silencieuse, plus centrée sur sa matière. Le Web peut aussi se faire discret, calme et s’inscrire dans le temps. S’est ouverte alors une période d’observation intense et féconde empruntant à la sociologie narrative et à l’ethnométhodologie ses méthodes, son regard, et les mots pour décrire.
…poèmes en 140 caractères.
Après une première phase d’entretiens, ce fut au tour des réseaux sociaux, et plus particulièrement de Twitter, d’être au centre de mon travail. Durant un mois, j’ai ainsi cotoyé une douzaine de comptes Twitter, tous consacrés à la poésie. Quotidiennement, à heure fixe et suivant un protocole défini, j’ai lu, parcouru, découvert et suivi les tweets publiés, les images partagées, les commentaires, les encouragements, les retweets. Jour après jour, j’ai pu toucher du doigt, plus encore, vivre de l’intérieur la notion trop abstraite et parfaitement à la mode d’un big data poétique. Je me suis immergé dans cette incroyable quantité de données : poèmes en 140 (ou 280 !?) caractères, photographies couleur ou noir et blanc, reproductions de tableaux, Gifs, Emojis, citations d’articles de presse… ; pour finir submergé par une masse d’informations enivrante mais aussi angoissante. Où vont toutes ces données ? Qui les produit ? Qui les reçoit ? Qui les stocke ? Qui les achemine ? Qui les exploite ?
Chaque jour, je retrouvais mes poètes et observais leur activité de la nuit, de la veille. Au bout de ce mois d’observation, ils étaient devenus de vieux amis fidèles qu’on prend plaisir à fréquenter. Reste maintenant à laisser décanter ce travail et à entamer l’analyse et la compréhension de ce qui a été vu et capté. Dans le silence de la recherche.